Bien que l’Europe soit souvent considérée comme un bon élève des politiques environnementales à l’échelle internationale, elle est restée jusqu’alors plutôt en retrait dans la mise en pratique de l’économie circulaire, à l’exception de quelques pays comme les Pays-Bas ou l’Allemagne. Le Japon est particulièrement avancé dans le bouclage des flux de matières premières, en raison d’une politique ambitieuse de prévention et de recyclage des déchets menée depuis le début des années 1990. Confronté à des contraintes d’espace et de ressources, le Japon a rapidement compris la nécessité de faire transiter son économie vers la circularité. Les politiques amorcées ont été considérablement renforcées au début des années 2000 via des lois de promotion de l’efficacité d’utilisation des ressources, visant à développer une « Sound Material-Cycle Society ». La réglementation met l’accent sur le développement des 3R (reduce, reuse, recycle) et s’est traduite par la mise en place de plans pluriannuels d’amélioration de l’efficacité des ressources ainsi que par un nombre important de lois sectorielles contraignantes. La généralisation de l’écoconception est la priorité de ces plans. Cette politique japonaise ambitieuse n’a pas été un frein à la croissance économique et à l’emploi. Alors que les taux de recyclage atteignent presque 100 % pour les emballages et 95 % pour le béton et le bois de construction, l’étude bilan de 2010 menée par le gouvernement japonais sur la politique des 3R conclut sur la création nette de 120 000 emplois dans le secteur de 2000 à 2007 (qui représente 650 000 emplois au total). Le remanufacturing, concept qui reste peu développé en France, consiste en la production d’un produit neuf à partir de pièces détachées de produits du même type en fin de vie. Il se distingue du recyclage, puisqu’il ne s’agit pas d’une simple récupération de la matière, et de la réutilisation puisque les produits dont les composantes sont récupérées en vue d’une préparation et d’un réemploi, ne sont plus réparables. L’industrie américaine du remanufacturing est la plus développée. Le rapport dédié à ce sujet de la United States International Trade Commission estime le secteur à 180 000 ETP. Entre 2009 et 2011, le secteur a connu une croissance de 15 %. Le chiffre d’affaire total de l’industrie est passé de 37 à 43 milliards de dollars avec une création nette de 14 000 emplois. Cette dynamique ne semble pas ralentir : une estimation plus récente de l’Automative Parts Remanufacturers Association rapportée par la fondation Ellen MacArthur évalue l’industrie du remanufacturing à un total de 500 000 emplois aux Etats-Unis. Les initiatives européennes d’économie circulaire, bien que plus rares, ont également démontré qu’elles sont vectrices de créations d’emplois. Le projet NISP, qui promeut le développement de l’écologie industrielle en Grande-Bretagne, a permis de créer ou de sauvegarder plus de 10 000 emplois. Plus généralement, la Commission estime que 500 000 personnes travaillent en Europe dans l’industrie du recyclage.